Timbres et peintres intimement mêlés ne peuvent qu’évoquer en nous de nombreux souvenirs. Au-delà de la philatélie et de la peinture, c’est une rétrospective condensée de notre passé, un voyage dans le temps.
Attirés et séduits par la lumière et les couleurs, des peintres venus de toute l’Europe ont découvert l’Algérie dès 1830. Ils sillonnèrent le territoire passant du Sahel à l’arrière pays, de la Kabylie à l’Aurès puis au Sud, et enfin au Sahara. Plantant leurs chevalets au hasard de leurs pérégrinations, ils en ont immortalisé, pour la première fois, les paysages et la vie de ses habitants.
L’Europe découvrit l’Algérie grâce aux nombreux salons organisés par les peintres orientalistes, et ces expositions suscitèrent un véritable attrait pour ce pays.
Les timbres évoquent des évènements historiques, politiques, souvent tragiques qui ont marqué notre Histoire. Les paysages reproduits sur ces vignettes sont de véritables petits chefs-d’œuvre sortis des mains expertes des peintres et graveurs, et la macrophotographie embellit la finesse de ces miniatures. D’autre part, de nombreux timbres d’Algérie ont été inspirés par des tableaux de peintres célèbres comme Chassériau, Delacroix, Fromentin, Mohamed Racim et bien d’autres encore.
Notre périple commence par l’Afrique romaine avec les vestiges de Tipasa, Djémila, Timgad : les ruines des amphithéâtres, thermes, arcs de triomphe et mosaïques témoignent de la splendeur de l’ancienne civilisation romaine.
Puis, Alger la Blanche se dévoile au fond de sa magnifique baie avec la darse de l’Amirauté, ses boulevards, la place du Gouvernement, la Grande Poste, son activité portuaire et les terrasses de la Casbah.
Certains timbres nous rappellent la Guerre 39-45, période sombre de notre Histoire, avec les évocations des batailles de Koufra, Bir Hakeim, la Libération et rendent un hommage posthume aux anciens combattants.
Du haut de sa colline, Notre-Dame de Santa Cruz étend sa protection divine sur la ville d’Oran. C’est aussi, à Oran, la gare de style hispano-mauresque, la cathédrale du Sacré-Cœur consacrée en 1913 de style romano-byzantin, le ravin Ras el Aïn. Parcourant l’Oranie, voici Mostaganem et l’enfant du pays, un certain Maréchal Franchet d’Espèrey, Tlemcen et les ruines de Mansourah, Sidi Bel Abbés berceau de la Légion Etrangère qui se sacrifia sans compter au service de la France.
Dominée par le Djurdjura, la Grande Kabylie dévoile ses douars accrochés aux sommets des reliefs. C’est le spectacle quotidien de ses porteuses d’eau Berbères drapées dans leurs robes colorées regagnant en file indienne leur mechta.
Avec Ghardaïa, capitale du M’Zab, c’est toute la magie du Sud qui resplendit avec les oasis perdues dans un océan de sable et des dunes à perte de vue, c’est le domaine des caravanes avec leurs méhara faméliques empruntant les pistes ancestrales de la route du sel.
Les Ouled Naïls parées de leurs bijoux se constituent, selon la tradition, une dot pour leur mariage en pratiquant le libertinage.
L’ancienne Hippone fut la résidence des rois numides avant de devenir colonie romaine. En 396 Saint Augustin est nommé évêque d’Hippone, mais il assista impuissant à la destruction de l’Afrique du Nord par les Vandales. Après un long siège, la ville est saccagée par les Barbares. Devenue repaire des pirates barbaresques, elle est détruite par Charles Quint.
Les Français en feront en quelques années, une ville moderne, riante, dénommée « Bône la Coquette ». Son grand port était le débouché naturel des produits miniers de l’Est Constantinois.
Perchée sur ses rochers, la ville de Constantine, l’antique Cirta, regarde couler le Rhumel à travers ses méandres. Franchissant les gorges, les ponts de Sidi Rached, Sidi M’Cid, El Kantara relient les différents quartiers de la ville : c’est l’hôtel Cirta d’inspiration arabo-mauresque, la place de la Brèche. A l’hôpital de Constantine en 1880, Alphonse Laveran découvre l’Hématozoaire du paludisme dans le sang de ses malades.
R. Daporta
Sources :
- Marion Vidal Bué : « Alger et ses peintres » et « L’Algérie des peintres »
- Collection : R. Daporta
Extrait du Mémoire Vive n°44