Ce dossier expose les grands évènements de la période française, notamment la conquête de la Kabylie et la grande insurrection de 1871 et ses séquelles ainsi que des portraits de personnages illustres (cliquer sur le titre pour y accéder).
Le successeur et ancien adjoint du maréchal Bugeaud, le général Jacques Randon (1795-1871), peut-être à la recherche de gloire militaire, réussit à convaincre l’empereur Napoléon III de la nécessité d’entreprendre la conquête de la Kabylie. Aussi, dès son arrivée au gouvernement, prépare-t-il une expédition en Kabylie en affirmant, avec un argumentaire spécieux, que « la soumission des Kabyles devait primer toutes les autres, car le monde kabyle pouvait représenter un grand danger ». Cette conquête de la Kabylie est engagée 27 ans après le débarquement de Sidi Ferruch. Cette expédition est exécutée avec les seules forces et les seules ressources de l’Algérie.
La conquête a trouvé son aboutissement dans la construction d’un « fort de guerre » au centre de la Kabylie, au sein duquel se formera le village de Fort Napoléon. Son histoire, depuis les premières constructions civiles en 1857, jusqu’à l’achèvement du village en 1873 dans sa première phase. Évocation de la vie quotidienne des premiers habitants durant cette période, de leurs rapports avec le service du Génie et avec celui des Bureaux arabes. En annexe, le recensement de ses premiers habitants et des concessions octroyées.
L’insurrection de 1871 est le soulèvement le plus grave qui se soit produit depuis l’achèvement de la conquête. Elle eut pour cause immédiate la défaite de la France contre la Prusse. Les Français étaient vaincus, leur prestige évanoui. Mal comprises, les réformes apportées à l’organisation algérienne par le gouvernement de la Défense Nationale affaiblissaient plus encore le prestige et l’autorité de l’administration coloniale. C’était le naufrage de toute la politique de contact avec la population, de connaissance de ses mœurs et de ses coutumes menée sous le régime précédent. Lancée en Kabylie par le bachaga Mohamed Mokhrani, elle entraîna jusqu’à 200.000 « indigènes » en armes jusqu’aux confins du désert. Toutefois, la plus grande partie de la province d’Alger et la province d’Oran toute entière ne furent pas troublées.
Ecrasée sans ménagement par l’armée française, la révolte s’éteint au début de 1872. Elle est suivie d’une répression qui marquera indéfiniment les esprits.
Né vers 1815, Mohamed el Mokrani fut nommé à la mort de son père (avril 1857) par l’administration française bachaga de la région kabyle de la Medjana. Descendant d’une prestigieuse famille aristocratique, il tenta, jusqu’à la défaite française de 1870, de jouer le jeu du « Royaume Arabe » que Napoléon III tenta de bâtir dans une Algérie qu’il concevait largement autonome.
En bute aux mesquineries des fonctionnaires coloniaux qui le privaient peu à peu inexorablement de tous les avantages et prérogatives liés à ses fonctions, le bachagha Mokrani, après la disparition de l’Empire, refusa d’admettre pour lui-même et pour l’Algérie la vague de réformes imposées par la République et se jeta avec panache dans l’insurrection entraînant avec lui pratiquement toute la Kabylie et une bonne partie du reste de l’Algérie. Il mourut au combat le 5 mai 1871.