Photos mystères n°2 [résolues]

Parmi les documents constitutifs des nombreux fonds d'archives que nous recevons au CDHA, il arrive que nous trouvions des photographies sans précision particulière. Nous arrivons à localiser et dater la plupart d'entre elles, mais  certaines restent malheureusement non identifiées à ce jour...

Nous avons fait appel à vos connaissances une première fois avec succès et nous vous en sommes reconnaissants.

Nous réitérons donc aujourd’hui notre demande avec ces documents extraits d’un lot de photographies de cérémonies militaires et visites officielles du Maréchal Juin en Algérie, au Maroc et en Tunisie.

Ces clichés, pris durant la période 1943 – 1954 (selon les indications du donateur), ne comportent aucun renseignement précis.

Sauriez-vous nous dire l’objet et la date, de la commémoration des deux premières photographies ainsi que les personnalités présentes ?

La troisième pourrait représenter une campagne militaire mais laquelle ? Dans quelle région ? A quelle époque ?

Si vous pouvez nous communiquer la moindre information sur ces photographies, merci de nous adressez vos renseignements, cliquez ici.

Merci de votre aide !

 

[Mise à jour du 10/06/2016]

Pour cette deuxième édition de la rubrique photo-mystère, nous nous permettons de partager la réponse d’un adhérent actif et ami de notre association.

Avec beaucoup de précaution, M. Janier s’improvise détective : ses solides connaissances historiques comme armes d’investigation, il s’appui sur le moindre détail des photographies pour en extraire des informations d’une grande précision.   

Nous vous laissons apprécier la démarche intellectuelle et l’esprit de déduction de M. Janier que nous remercions vivement pour sa brillante contribution :

«  Les trois photos mystère sans légende que nous aimerions bien expliquer cette semaine sont difficiles à interpréter.  C'est même quasiment impossible.        
Ce qu'il y a de certain, c'est qu'elles tournent toutes les trois autour d'un personnage principal, le général Alphonse JUIN pour les deux premières, puis le Maréchal Alphonse  JUIN pour la troisième. 

Ce qui est également sûr c'est qu'elles ont été prises à la fin des années 40 pour les deux premières, et en 1953-1954 pour la troisième.       

1- Revenons à la première photo : le général JUIN, résident général au Maroc de 1947 à 1951, serre la main très certainement au Sultan Mohammed V, et ce en 1948 ou 1949. J'ai comparé avec de nombreuses photos de Mohammed V dans ces années-là. Il n'y a pas de doute, c'est bien lui.     

2- La deuxième photo pose problème : le général JUIN porte le même uniforme blanc que sur la première photo. On pourrait considérer que cette deuxième photo a été prise aussitôt après que JUIN et Mohammed V se soient serrés la main dans la première photo. La photo date de 1948-1949. Mais ce qui cloche c'est que le dignitaire Marocain en djellaba et burnous blanc qui, à l'extrême gauche de la photo, accompagne les autorités civiles et militaires n'est plus Mohammed V. Ce nouveau dignitaire est bedonnant ce qui n'a jamais été le cas pour Mohammed V, et porte une rangée de décorations ce qui n'a jamais été le cas avec Mohammed V. C'est donc le Pacha de la ville qui accueille JUIN dans sa tournée.

Les deux autorités françaises en uniforme blanc entre ce Pacha et JUIN ne sont pas des militaires, mais un commissaire de police et un administrateur civil.

Enfin à l'extrême droite de la rangée des autorités le jeune homme de dix-neuf-vingt ans, qui porte un costume blanc, est le prince héritier Moulay Hassan, futur roi du Maroc Hassan II.
Impossible de déceler un indice qui pourrait nous permettre de savoir dans quelle ville se déroule cette cérémonie. Il n'y a aucun point de repère.

 

3- L'idée que vous avez eue d'agrandir cette troisième photo est judicieuse parce qu'elle nous permet de compter les sept étoiles de Maréchal que porte JUIN. Alphons JUIN a été nommé Maréchal en 1952. Cette photo date donc de 1953-1954. Elle a été prise au Maroc dans un PC de campagne au cours d'une opération de nettoyage contre un foyer de guérilla certainement dans le Rif ou vers la frontière algérienne comme ce fut le cas deux-trois ans avant l'indépendance du Maroc de 1956.

Ce qui nous autorise à dater cette photo des années 1953-1954, ce sont les bottes de cheval et la culotte mastic que porte JUIN. Cette tenue est vieille, elle date de l'entre-deux-guerres. Mais pour marquer le chic des uniformes français par opposition aux tenues sans caractère des Américains, certains grands chefs français ont porté la culotte et les bottes jusqu'en 1954-1955.

Toutes les photos de JUIN prises à partir de fin 1954 le montre en pantalon droit sur les souliers de ville bas et noirs.  

Un autre indice nous permet de confirmer la date de 1953-1954 pour cette photo, ce sont les petites guêtres britanniques que porte l'officier de Tirailleurs au dernier plan de la photo, entre les généraux GUILLAUME et AILLERET. Ce type de guêtre était porté pendant la Seconde Guerre mondiale. S'il a encore été utilisé après la fin de cette guerre, il a totalement disparu de l'armée française en 1954.

Quelles sont les généraux qui accompagnent JUIN sur cette photo ?

Derrière JUIN sur sa gauche on reconnait le général GUILLAUME des Tabors Marocains.

Encore plus à gauche, c'est à dire à l'extrême droite de la photo, l'officier qui porte des lunettes est le général AILLERET qui commandera le lancement de la première bombe atomique française au Sahara en 1960.

Sur sa gauche on distingue un général de l'aviation que nous ne connaissons pas.

Les trois officiers à l'extrême gauche de la photo nous sont également inconnus.

De toute évidence le général de division qui commente la carte au Maréchal JUIN est le général qui commande la division en charge du secteur géographique où se déroule l'opération de nettoyage. C'est soit la 22ème DI (Division d'Infanterie), soit la 26ème, soit la 30ème, soit la 32ème DI.

Derrière ce général de division, il est impossible d'identifier le général qui est de dos, comme il est impossible de reconnaître l'officier qui porte un béret noir. On ne distingue même pas le nombre de barrettes qui désignent son grade.

Voici les commentaires que l'on peut faire pour légender ces trois photos mystères. »

Nous remercions également l’ensemble des contributeurs pour leur aide apportée.

Si vous pouvez nous fournir des informations complémentaires, n’hésitez pas à nous contacter : cliquer ici.