Mario Scalesi

Poète italien de langue française né en Tunisie : Poète mineur ? Poète maudit ? Poète multiculturel ?

Né à Tunis en 1892, mort à Palerme en 1922

De son vrai nom Scalisi ; mais il le francise en Scalesi, tout en gardant le prénom Mario, mais plus tard après sa mort certains de ses hagiographes lui attribueront le prénom Marius.

Père sicilien, mère italo (Gènes) -maltaise.

La famille vit 31 rue Bab Souika, (aujourd'hui rue Mongi Slim) quartier populaire entre la Médina et le quartier européen de l'époque où Italiens et Tunisiens se côtoient.

Victime d'un accident à cinq ans, il se brise la colonne vertébrale. Tuberculeux. A vécu toute son enfance dans une extrême pauvreté. A quitté l'école française tôt (douze ans ?) pour travailler comme aide comptable chez un carrossier puis chez un imprimeur... Autodidacte, il fréquente assidûment la bibliothèque Souk el Attarine.

Critique littéraire à partir de 1917 dans la Tunisie illustrée et dans Soleil créées à l'initiative d'Arthur Pellegrin. Ce dernier d'un an son aîné, atteint lui aussi d'une maladie osseuse qui le contraint à boiter, vivant chichement d'un emploi à la Compagnie des Chemins de Fer Tunisiens, reconnaît en Scalesi un alter ego et lui ouvre les colonnes de ses revues auxquelles le jeune Italien donne également des poèmes sous le nom de Scalesi mais aussi parfois sous les pseudonymes de Rocca Staïti ou de Claude Chardon. Mais alors qu'au lendemain de la guerre, la rivalité franco - italienne s’exacerbe en Tunisie, Scalesi n'intervient jamais dans le débat.

Par contre, il prend position dès 1919 aux côtés de son ami Arthur Pellegrin, fondateur de la SEAN pour le ralliement des intellectuels de tout le Maghreb francophone au sein d'une association "qui ne demande à la Métropole que la langue française pour exprimer l'Afrique du Nord".  Il défend l'idée d'une littérature qui prenne en compte "l'interpénétration mentale des élément ethniques en présence, qui s'opère progressivement mais sûrement avec la cohabitation, les intérêts économiques, l'enseignement du français".

Lors des cérémonies de commémoration de sa mort, en 1937, ses hagiographes, Camille Bègue ou Claude Maurice Robert, s'ils veulent bien concéder une filiation littéraire à Verlaine ou Baudelaire, souligneront l'importance de son existence miséreuse qui influera sur sa création, à l'inverse de Baudelaire ou Verlaine issus de la bourgeoisie et qui se sont complus dans la création d'un spleen et d'un mal être qui était le lot quotidien de la vie de Scalesi.

Première édition : Poèmes d'un maudit (suivis de Poèmes d'Orient et Poèmes de guerres) Paris, Les Belles Lettres, 1923. 70 poèmes et une préface de la SEAN.

Deuxième édition : La Kahéna, Tunis, 1930, 24 poèmes.

Troisième édition, Saliba, Tunis, 1935, un dessin d'Alexandre Fichet représentant Scalesi, la préface de 1923, 85 poèmes, reproduction d'une page manuscrite et de la signature du poète.

A l'issue de cette publication, la SEAN décide de commémorer le quinzième anniversaire de la mort du poète, le 29 janvier 1937 par une cérémonie à laquelle sont conviés, le représentant du Bey, le consul d'Italie, le directeur de l'Instruction publique et diverses personnalités, françaises ou italiennes de la vie intellectuelle tunisienne, des membres de la SEAN, Tahar Essafi, Henri Fauconnier, prix Goncourt, 1930.... Une plaquette de78 pages Hommage à Mario Scalesi est publiée la même année aux éditions la Kahéna.

Quatrième édition, A. Krandöf, Tunis, 1996, 86 poèmes réédités la même année avec 6 poèmes en plus et une introduction de Y. Fracassetti.

Cinquième édition, la plus complète. Edition bilingue, 1997, Les poèmes d'un maudit, Le Liriche di un maladetto, les 92 poèmes auxquels ont été ajoutés les articles  de critique littéraire publiés dans la Tunisie Illustrée et Soleil, à l'initiative de l'Istituto Siciliano di Studi Politici ed Economici di Palermo, avec une introduction de Salvatore Mugno également coordonnateur de l'ouvrage, une préface d'Yvonne Fracassetti, "Mario Scalesi nella società tunisina", une présentation de Renzo Paris, "l'inferno africano di Mario Scalesi.

Gérard CRESPO