De l'Exploitation des Chênes-Lièges en Algérie

Bessombourg

En Algérie, avant la conquête française la majeure partie des zones forestières appartient au gouvernement du Dey. Cette propriété est donc transférée au Gouvernement Français au fur et à mesure de l'occupation du territoire.

Très rapidement, l'administration réalise qu'elle n'a pas et ne peut avoir les moyens humains et matériels pour exploiter la forêt de chênes-lièges qui, en Algérie s'étend, le long de la mer, de la frontière tunisienne au département d'Oran.

Très influencé par les doctrines de Saint-Simon, l'Empereur Napoléon III estime que la solution la plus rationnelle pour assurer cette exploitation était de la confier à des « entrepreneurs ».

Ce système fut défini et précisé par un sénatus-consulte daté de 1863. Ce texte donne la possibilité à l'administration impériale de confier des surfaces importantes plusieurs centaines d'hectares) à un individu qui recevait le droit d'exploiter le liège des arbres du territoire concédé. En contrepartie, le bénéficiaire devait payer une redevance annuelle, forte auquel cas, au bout de 99 ans, il deviendra propriétaire des terrains concédés, ou plus faible auquel cas, au bout du même laps de temps, ces derniers retournera à l'Etat Français.

Restait de toute façon à la charge du bénéficiaire la réalisation des infrastructures indispensables pour permettre cette exploitation.

Il est, je pense, inutile de préciser que ces « entrepreneurs » ont été choisis pour la plupart parmi les familiers de l'Empereur. On y relèvera les noms de Sallandrouze de la Morlaix (l'amiral) ou de Philibert Besson, et de bien d'autres.

Mais très vite, ces entrepreneurs réalisent que, bien que très vastes, ces surfaces concédées sont encore trop petites pour permettre une exploitation rationnelle. La seule solution est de se regrouper en fonction de la position géographique des concessions. C'est ce que vont faire les bénéficiaires. Vont naître une série de sociétés anonymes forestières qui, pour la plupart, scrupuleusement payeront la redevance annuelle au gouvernement français. Les concessions ayant été accordées en 1863 et 1864, le dernier payement a eu lieu, pour le plus grand nombre, en 1963, et pour le reste l'année suivante.

Notons en passant que, dans l'ensemble, les sociétés concessionnaires ont rempli à peu près complètement les obligations qui découlaient du cahier des charges qui leur était imposé. On n'a pas assisté à la cascade de demandes de dérogations qui ont émaillé les débuts de la Société Genevoise, ou, dans une moindre mesure, ceux des autres grands concessionnaires agricoles, tels la Compagnie Algérienne.

C'est donc au moment même où, ayant payé la redevance pendant 99 ans, les sociétés concessionnaires auraient dû devenir réellement propriétaire des forêts qu'elles exploitaient, qu'elles ont été dépossédées de celle-ci par suite de la décision de nationalisation du Gouvernement Algérien.

Maurice BEL

12 Novembre 2007