Compte-rendu de la mission Foureau-Lamy

Lamy

Rapport du Docteur Bonnette 1898-1900

« La mission Foureau-Lamy, dite « Mission Saharienne » fut organisée en 1898 sous l’impulsion du grand ministre Delcassé.

            C’était à l’époque où se réalisait l’épopée africaine écrite, on peut le dire, par une poignée de héros qui dotèrent la France d’un empire aussi riche qu’immense et la mission saharienne est un des remarquables épisodes de cette conquête de l’Afrique française. Elle avait reçu de M. Delcassé une double directive. D’abord traverser le Sahara.

            Jamais une troupe, n’avait réussi l’entreprise et, l’émotion causée par la fin tragique de la Mission Flatters était loin d’être calmée.

Le massacre par les Touaregs des 500 hommes de la colonne Bonnier venait encore fortifier la crainte du Sahara. S’il était urgent de montrer aux seigneurs du Hoggar, de l’Aïr et autres lieux qu’ils n’étaient pas invulnérables en leurs repaires, il était non moins indispensable de montrer aux Français de France et d’Algérie que l’entreprise était réalisable et qu’une fois réalisée la pacification de l’hinterland de toutes nos possessions africaines devait s’effectuer.

            Ce fut la tâche que M. Delcassé confia au grand soldat qu’était le Commandant Lamy et à l’explorateur averti et énergique qu’était M. Foureau.

            Ils étaient accompagnés de M. Dorian, député de la Loire, de M. Vilatte, aide, de M. Foureau, du capitaine Reibell commandant l’escorte, des lieutenants Rondenay, Métois, Verlet-Hanis, Brisbeh, de Chambrin, Oudjari et des médecins aides-majors Fournial et Haller, médecins de l’armée. »

Ouargla, 16 octobre 1898 - Zinder, 2 novembre 1899     

            « Partie d’Ouargla le 16 octobre 1898, la Mission arriva à Zinder le 2 novembre 1899 mais il est à peu près impossible, dans une note si rapide, de mettre en lumière les difficultés qu’elle rencontra.

Hostilité des gens, qui tantôt faisaient le vide autour d’elle, la laissant errer minuscule au milieu de l’immensité inconnue, qui tantôt l’attaquait avec frénésie espérant en finir d’un seul coup. Hostilité du pays où la soif, l’horrible soif la guettait à chaque tournant du chemin : « 3 000 kilomètres sans eau et peu d’animaux pour en porter, écrit dans l’Aïr un membre de la mission ; des hommes boivent leur urine, d’autres ouvrent les panses de quelque chameau crevé pour y trouver de l’eau ». Et c’est ainsi pendant des mois et des mois, la lutte journalière de ces 300 tirailleurs algériens qui, sous la direction de quelques Français, renouvellent constamment un effort digne des héros de Plutarque.

            Enfin le 2 novembre 1899, la mission arrivait à Zinder, le Sahara était traversé, l’épouvantail des Touaregs était écarté, la voie était tracée et derrière la mission saharienne pouvait désormais s’élancer tous les brillants successeurs, qui n’ont pas manqué jusqu’à ces derniers jours de continuer l’effort de pacification commencé par Foureau et par Lamy. »

La mission se poursuit vers le Tchad – L’élimination de Rabah – Mort du Commandant Lamy

            « Restait à suivre la deuxième directive donnée à la mission par le ministre Delcassé.

            Le Soudan central et la région du Tchad en particulier sont comme le centre vers lequel convergent les arrière-pays de la plupart de nos colonies africaines.

Or autour de ce Tchad, un soldat nègre, ancien officier de l’armée égyptienne n’ayant pas voulu se soumettre à la domination anglaise, s’était taillé par la terreur un empire redoutable c’était Rabah.

Les officiers de la missionToute pacification était impossible avec un tel voisin, qui, pour se procurer de quoi acheter des armes, allait faire des esclaves, seul matériel d’échange à sa portée, jusqu’à notre Oubangui ou en notre Congo.

            Il fallait à tout prix supprimer cette cause de trouble et ce fut là le deuxième but assigné par le Ministre à la Mission Saharienne.

Pour ce faire le Commandant Lamy avait l’ordre de rejoindre en un point indéterminé du centre africain deux autres missions, l’une la mission Afrique centrale, partie du Sénégal sous les ordres des capitaines Voulet et Chanoine, l’autre la Mission du Chari, partie du Congo, sous les ordres de Gentil, haut-commissaire du gouvernement.

            Comme la mission Saharienne, chacune d’elle en a surmonté les obstacles sans pareils, passa quelquefois par des instants tragiques ; mais les ordres ministériels furent exécutés et les trois missions réunies entreprirent contre Rabah des opérations qui furent couronnées d’un succès décisif.

            Malheureusement Rabah était puissamment armé et ce succès coûta bien cher ; sur l’effectif si réduit de ces missions, à peine 700 fusils, on compta 200 blessés et une trentaine de morts.

Parmi eux était le commandant. Lamy, tué à l’attaque du camp de Rabah le 22 avril 1899.

            Les membres de la mission saharienne étaient frappés en plein cœur par la perte de leur chef et quand on lui rendit les derniers honneurs, ont vit plus d’une figure de ces vieux Africains se mouiller de larmes.

            Encore aujourd’hui il repose là-bas, au pied du rempart de Koucheri, devenu Fort-Lamy. Le chef à côté des soldats, uni à eux dans la mort comme il l’avait été dans les deux épreuves et les dangers de leur vie commune et il est bon qu’en France, de temps à autre, l’occasion se présente de rappeler les noms de ceux qui sous tous les cieux ont contribué à augmenter notre patrimoine de gloire. »

BIBLIOGRAPHIE

Rapport du docteur Bonnette, Archives du service de Santé du musée du Val de Grâce, communiquée par Élisabeth CAZENAVE