Colloque 55 ans après l’exil de leurs parents d’Algérie, que font leurs enfants de leur héritage ?

Près de trois millions de Français ayant vécu en Algérie avant 1962 et leurs descendants vivent actuellement en France. Parmi eux, deux générations nées après 1962, soit plus de deux millions de personnes. Ce nombre important constitue un terreau fertile mais qu’en est-il exactement ?

Comment ces générations vivent-elles cette transmission et ce qu’elles en font ? Ont-elles conscience de leurs racines ? Souhaitent-elles mettre leurs pas dans ceux de leurs parents ? Se reconnaissent-elles de culture pied-noire ? Si c’est le cas, sur quoi se fondent cette culture et ce patrimoine ?

L’objet du colloque organisé par le CDHA – le premier exclusivement consacré aux générations nées après 1962 – est de répondre à ces questions afin de comprendre comment ces générations vivent leur héritage et ce qu’elles en font dans leur sphère familiale et sociale.

C’est à ces délicates questions qu’étaient invités à répondre les participants à cette journée d’études organisée par le CDHA, dans l’amphi de Sciences Po à Aix-en-Provence.

Une salle bondée, des inscriptions closes 15 jours avant, une attente soutenue du compte-rendu à paraître…ce sont quelques indices de l’intérêt soulevé par cette manifestation.

Au terme de quatre conférences données par des universitaires et de trois tables-rondes  portant les témoignages des enfants de Pieds Noirs nés en métropole, le bilan en est très prometteur.

« Pour la première fois est donnée la parole aux enfants des familles ».

L’apport central des résultats de l’enquête réalisée par Hubert Ripoll, psychologue universitaire a servi de ligne de référence tout au long des débats, mais aussi la phrase d’un jeune intervenant : « notre filiation sert à éclairer notre passé, mais surtout à construire notre avenir ».

Les différentes phases du colloque vous sont présentées dans le menu de gauche.

Bruno Brémond, Thierry Debaille (modérateur), Anne-Marie Perez, Yves Duplan et Anne Perez

Christophe Certain, Gilles Perez, Bertrand Allamel et Georges-Marc Benamou (modérateur)

Catherine Riuz, Marie-Jeanne Marti, Hubert Ripoll (modérateur) et Sophie Colliex

15 thoughts on “Colloque 55 ans après l’exil de leurs parents d’Algérie, que font leurs enfants de leur héritage ?”

  1. excellente initiative, intervenants de qualité, nombreuse assistance très intéressée. Expérience à poursuivre avec un deuxième colloque en 2018 ?

  2. Pied noir moi même né en 38 à Oran lorsque je lis sur une certaine presse que les musulmans n’étaient pas scolarisés permettez moi de dire que l’ayant été au collège Ardaillon à partir de mes 11 ans
    qu’ils étaient nombreux au point et cela va vous surprendre que nous faisions des matches de foot musulmans contre Français sans animosité aucune entre les 2 équipes. Quand aux menus des repas
    au réfectoire on ne servait jamais de porc et qu’il ni avait pas de tables spéciales pour eux . Alors SVP arrêtons de faire passer la plus grande majorité des pieds noirs pour ce qu’ils n’étaient pas.

    1. La scolarisation en Algérie s’est heurtée à l’opposition farouche des populations indigènes pour lesquelles sa nécessité n’était pas du tout évidente, ce qui est un euphémisme, car seule l’étude du Coran était permise. Citons pour la forme la mobilisation de tous, y compris les enfants, à certains moments des travaux des champs (comme en Métropole d’ailleurs, à des époques reculées).
      Mais surtout il fallait absolument éviter que les garçons soient contaminés par les idées et les mœurs de ces Occidentaux chrétiens et dépravés. Quant aux filles, elles étaient condamnées à la réclusion perpétuelle et vous ne pensiez tout de même pas que les parents les verraient d’un œil bienveillant fréquenter tous ces Infidèles. Des fois qu’on leur fourre dans la tête toutes ces idées tendancieuses si éloignées des enseignements du Coran. La vérité oblige à préciser que ces barrages ne s’imposaient qu’après la puberté. En effet l’étude des très nombreuses photos de classe montrent à l’évidence que les Maternelles comptaient nombre de petites filles musulmanes, où elles se trouvaient parfois en majorité, jusqu’à l’âge de 6 ou 7 ans, puis pratiquement plus rien, mis à part chez les rares parents non influencés par les regards courroucés et réprobateurs de leurs voisins.
      Le Père de Foucaud avait prévenu: le fossé entre les deux populations était quasiment infranchissable. N’oublions pas que les Musulmans avaient refusé de devenir Français car ils devaient abandonner leurs spécificités (quant tu maries ta fille à 12 ans, elle n’a pas besoin d’aller à l’école) alors que la communauté juive avaient accepté le décret Crémieux.
      Mais ça, évidemment, le seul, l’unique historien compétent sur cette période, j’ai nommé Benjamin Stora, n’a pas eu le temps de le noter dans son rapport: il ne devait plus avoir d’encre.

  3. Bonjour, ce sujet m’intéresse à titre personnel et professionnel. Serait il possible, d’avoir un retour sur ce colloque ? un compte-rendu ou des actes. Merci beaucoup

  4. Née en Algérie , à Philippeville , je n ai pas d enfants, mais quatre neveux qui n ont jamais été intéressés par notre passé ou notre terre natale. Personnellement , je soutiens et suis fière de le faire, le CDHA , mais je me pose la question de savoir si ces  » mémoires » intéresseront les jeunes lorsqu il n y aura plus aucun pied noir???

    1. Chère Madame Berton,
      En préalable, je vous prie de bien vouloir excuser le temps pris à apporter une réponse à l’importante question que vous avez posée sur le blog du colloque sur la transmission que nous avons organisé en novembre dernier.
      C’est une question essentielle au sens de l' »avenir de notre mémoire »: cette aventure de 132 ans de présence française sera-t-elle demain supportée par une partie de la population issue des familles qui l’ont vécue, l’ont écrite, l’ont représentée à travers ses moments d’exaltation et ses moments dramatiques?
      Comme beaucoup de nos compatriotes, vous émettez un doute quant à la pérennité de cette mémoire. Un doute que conforte l’observation des jugements portés par la génération qui est née en Algérie et celle qui l’a suivie.
      Mais aussi une espérance qe la même observation fait naitre: nombreux, beaucoup plus nombreux, sont les enfants et petits enfants qui réclament leur appartenance à cette « communauté de destins » comme la qualifiait le philosophe Raphaël DraÏ.
      Il est un malaise que nous devons reconnaitre et affronter, celui né de cette distorsion d’appréciation entre trop de parents et trop d’enfants. Il nous faut mieux en analyser les causes, et entreprendre une sensibilisation plus pédagogique, plus dépassionnée de cette nouvelle génération.
      C’est l’enjeu, dont je pense qu’il est absolument prioritaire, que le CDHA doit assumer en logique avec l’édification actuelle du Conservatoire de la Mémoire, que soutiennent avec tellement d’espoir et d’engagement les adhérents du CDHA. Et au rang desquelles, nous sommes fiers et heureux de vous compter, Chère Madame Berton.
      Trouver les voies et moyens pour que les nouvelles générations, nos descendants, prennent en charge cette magnifique épopée vécue par les Européens d’Algérie, en lien avec de très nombreux français-musulmans, voici notre objectif des prochaines années ! nous espérons vivement pouvoir compter sur votre fidèle et généreux soutien .
      Avec l’assurance de mes sentiments les plus sincères et amicaux,

      Joseph Perez

      Vos réflexions sur ce sujet contribuent à faire avancer nos réflexions: n’hésitez pas à nous en faire part. »

  5. J’étais désireuse de raconter la vie des mes aïeux dans des documents écrits accompagnés d’arbres généalogiques et de nombreux commentaires et photos pour que ma descendance connaisse l’origine de notre vie en Algérie.
    Des arrières-cousins Alsaciens ont participé à la conquête de
    l’Algérie, puis s’y sont installés. C’est mon arrière-arrière-grand-père Pasteur Alsacien qui en 1841 a débarqué à Alger pour installer un orphelinat à Sidi-Ibrahim et s’occuper des nombreux Alsaciens-Lorrains. Une partie de ses enfants s’est installé à Mascara. Puis mon grand-père provençal est venu pour s’occuper d’une cave viticole à Alger. Mon autre grand-père Alsacien, marié à une Bretonne, avait une société de produits chimiques et d’engrais à Alger.
    Tous se sont connus et fondé ma famille qui après des années
    merveilleuses ont dû quitter cette belle terre.
    Dernièrement, une de mes petites-nièces du Nord m’a demandé si je pouvais lui fournir un dossier sur nos origines
    en Algérie, pour pouvoir plus tard expliquer à ses enfants
    notre vie en Algérie. Vous imaginez le plaisir que j’ai eu d’avoir sollicité le désir des nouvelles générations de connaître leurs ancêtres !
    J’y ai même ajouté un dossier sur l’origine de la Berbèrie avec toutes les différentes invasions. Et leur faire comprendre que la France est intervenue pour en terminer avec les Turcs qui ravageaient la Méditerranée par leurs attaques des navires pour faire le commerce des esclaves.
    J’espère que tout ce que je leur raconte sur notre vie merveilleuse en stimulera d’autres.

    Il est vrai qu’il faut sans cesse leur en parler et rétablir la vérité sur ce qu’ont fait nos ancêtres.

  6. A l’Arba 30 km d’Alger le f l n interdisait aux parents musulmans d’ envoyer leurs enfants à l’école laïque sous peine de répression.

    1. Mon Grand-Père avait mis en place un transport pour les enfants de la
      ferme,pour l’école,qui s’est arrêté avec l’arrivée des talibans (pardon des fellagas)

    2. Mais moi j’ai eu la chance que tes parents aient accepté de te mettre dans la même école que moi ainsi que ta sœur Catherine. C’était le bon temps. Amitiés
      Macot

  7. Bonjour,
    Je crains que le changement de vision de ce que nous avons vécu ne soit un combat perdu d’avance.
    Quand on connait la haine et le dénigrement qui depuis des décennies entourent notre malheureuse communauté , et quand on voit comment les médias nous traitent en général on ne peut que comprendre pourquoi nos enfants et leurs propres enfants ne cherchent pas à se reconnaître dans notre passé .Pour ma ce part, je ne renie rien et n’ai rien oublié .
    J’admire vraiment votre engagement , mais ,en ce qui me concerne ,je me suis abstenu de tout prosélytisme vis à vis de ma famille , afin de les laisser en dehors de tout ça .
    Certains de mes petits enfants me posent des questions , j’y réponds . Autant que possible, Sans parti pris .
    Sans , non plus, un réel espoir de reconnaissance par la France du futur, de qui nous avons été réellement .
    Et, de surcroît, dans la France actuelle …..

    1. Je trouve votre commentaire en parfaite adéquation avec mon ressenti. Il m’est difficile de parler à mes enfants de l’Algérie sans nostalgie, de leur en parler sur une note d’avenir et d’espoir. S’il y a un message que je peux leur adresser c’est celui de la vigilance cette histoire d’Algérie fait partie de l’histoire de France, aucune honte d’une soit disant colonisation et aura pour longtemps sa justification dans les évènements à venir.

  8. j’étais les quatre dernières années (58_62) instituteur dans le département d’Orléansville…j’ai appris à lire, écrire et compter à des centaines d’enfants qui avaient soif d’apprendre…
    Ma famille est une famille type des familles pieds noirs.( origine maternelle espagnole, mon grand père maternel descendant d’un marin de Charles quint installé comme marin pêcheur à Oran en 1521!!!!du côté paternel: mon arrière grand père a fait partie des 9500 républicains déportés en Algérie lorsque le 1er président de la république a voulu devenir empereur ( Napoléon III)…alors que faut-il pour pouvoir dire que là bas j’étais chez moi…on s’est retrouvés de ce côté de la mer contraints et forcés…nous y étions arrivés en déportés et nous en sommes revenus en déportés…j’ai ainsi dû découvrir mes racines profondes jusqu’au début du 16 ème siècle…45 ans de recherches qui sont traduites par mes ouvrages ( 22 Titres publiés) j’aimerai que la totalité puisse être consultée au CDHA…question comment faire?
    gmiane@hotmail.fr

    1. Bravo pour le travail de recherche que vous avez souhaité réaliser et qui vous aura permis de remonter aux années 1500!
      Sur le qualificatif de déportés, il ne me semble pas pouvoir être aisément retenu pour qualifier le sort de nos aïeux…Il y a, dans leur parcours, une donnée importante: » la décision volontaire ».

      Pour que votre production littéraire figure dans le fonds documentaire du CDHA, et donc à disposition de tous, il suffit que vous nous l’adressiez (1) pour la faire figurer dans notre catalogue.
      Recueillir l’histoire des familles qui ont constitué cette communauté si particulière que constituent les « Européens d’Algérie » est une des missions principales du CDHA.

      Je saisis l’opportunité de cet échange pour relever que j’ai connu une famille Miane à Oran, quartier Boulanger, oeuvrant dans le négoce des vins et accueillant, dans ses locaux, un orchestre d’accordéons!

      Joseph Perez, président du CDHA

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