"Toubibas" pionnières engagées dans l'innovation médicale

Des femmes médecins se sont investies dans l'oeuvre de la médecine de colonisation. Peu nombreuses, elles ont néanmoins marqué leur époque par l'apport de leurs compétences et leur sens de l'organisation médicale.

Dorothée CHELLIER (1860-1930)
En 1894, elle est la première femme à obtenir en Algérie le titre de docteur en médecine.
C'est une pionnière dans l'assistance médicale féminine chez les Musulmanes. À la fois ethnographe et anthropologue, elle étudie également les pratiques obstétricales indigènes insistant sur "les conditions de misère dans lesquelles se trouve la femme au moment si douloureux de la parturition". De fait, elle souligne l'importance d'instruire les "accoucheuses" dans ces régions peu accessibles à la médecine coloniale.
Elle dirige entre 1904 et 1909, une Clinique pour femmes à Maison-Carrée, près d'Alger.
De 1895 à 1899, elle part en tournées médicales dans les Aurès et en Kabylie pour étudier les pratiques de l'accouchement, de l'avortement et la fréquence des maladies utérines chez les populations indigènes.
Missions difficiles, trajets en montagne le plus souvent à cheval, sous un soleil brûlant et aussi sous des pluies torrentielles. Ses missions sont encadrées par l'administration, lui permettant de s'appuyer sur les autorités "indigènes". Elle va observer et donner ses soins à plusieurs centaines de malades dans des conditions difficiles, sous la tente ou dans "les gourbis", vaccine beaucoup contre la variole.

Renée ANTOINE (1896-1988)
Née en Algérie, Renée Antoine fait de brillantes études de médecine à la Faculté d'Alger.
Ophtalmologiste, elle est appelée en 1934 à traiter un trachome dans le M'zab. La découverte du grand Sud algérien est pour elle une révélation. À partir de 1939, elle s'investit dans la lutte contre les fléaux oculaires qui touchent les populations rurales indigènes dans différents secteurs de la région d'Alger.
Avec la mission ophtalmologique saharienne créée en 1948, dotée de camions itinérants équipés d'un bloc opératoire, la "toubiba", dont la réputation ne cesse de grandir, va accomplir quarante-deux missions, se consacrant à ces malheureuses populations frappées par le trachome et autres lésions oculaires. Elle sera le spécialiste itinérant, conseillant les médecins militaires, leur enseignant les méthodes opératoires d'urgence, formant les infirmiers auxiliaires, propageant les notions d'hygiène et de prophylaxie dans les écoles publiques ou coraniques.

Extrait de l'exposition "Les médecins de colonisation - Algérie 1830-1962"